À LA UNE ~ La passivité, c'est fini pourrait causer des problèmes au premier ministre

Au premier coup d'oeil, la chef d'Attawapiskat, Theresa Spence qui, avec sa grève de la faim, est devenue le visage du mouvement La passivité, c'est fini, a très peu de choses en commun avec Gabriel Nadeau-Dubois, le très volubile meneur étudiant qui a joué un rôle similaire le printemps dernier.

Les premières impressions sont très souvent trompeuses.

La voix douce de Mme Spence est extrêmement différente du ton enflammé utilisé par M. Nadeau-Dubois. De plus, leurs causes sont aussi différentes aux extrêmes. Elle fait sa grève de la faim au nom d'une des populations les plus pauvres au pays. A l'opposé, en raison de leurs occasions d'éducation, les étudiants menés dans leur croisade contre la hausse des droits de scolarité par M. Nadeau-Dubois figuraient parmi les plus privilégiés des jeunes Québécois.

Comme M. Nadeau-Dubois, Mme Spence a atteint un statut emblématique d'une lutte sur une plus grande échelle. C'est ainsi qu'ils présentent une voix différente sur une même situation. Ils ont démontré le potentiel de modifier l'équation de pouvoir entre le gouvernement et les gouvernés.

Il y a un an, la crise étudiante qui allait frapper de plein fouet le Québec et son gouvernement libéral n'était pas prévisible.

Au début de 2012, les analyses politiques étaient concentrées sur la lutte de Pauline Marois pour maintenir son poste.

Si on avait mentionné à la population québécoise ou à la classe politique au pouvoir que trois meneurs étudiants étaient sur le point d'accomplir ce que dix années d'attaques sur le premier ministre Charest par le Parti Québécois n'avaient pas réussi à faire, c'est-à-dire mobiliser la rue contre son gouvernement, on l'aurait rejeté du revers de la main.

L'épuisement du gouvernement à trois mandats du premier ministre Charest a joué un grand rôle dans le printemps érable au Québec. Le mouvement comprenait cependant un rejet plus fondamental du système comme tel.

Encore aujourd'hui, un nombre effrayant des participants croient que les modes démocratiques traditionnels, y compris les élections, ont failli à la tâche. Ce même sentiment est très répandu depuis longtemps au sein des Premières Nations du Canada.

Au cours de la dernière décennie, il s'est aussi étendu jusqu'aux groupements croissants de Canadiens engagés politiquement.

Il est utile de mentionner qu'un grand nombre d'entre eux n'ont jamais trouvé d'opposition efficace à leurs aspirations.

Le gouvernement Charest était la cible principale de la manifestation étudiante qui s'est développée pour devenir le printemps érable au Québec. Par contre, cette saison de révolte sociale faisait aussi partie d'une plus grande mobilisation de base découlant du mouvement Occupation à l'échelle mondiale et du mouvement en pleine croissance canadien La passivité, c'est fini.

Il ne fera pas bouger le 99 % des Canadiens que le mouvement Occupation disait défendre, mais l'esprit du mouvement La passivité, c'est fini pourrait être saisi par les plus de 60 % des électeurs qui choisissent constamment les options autres que le Parti conservateur aux élections fédérales.

Pour le rôle sociétal du gouvernement, l'écart entre les diverses circonscriptions non conservatrices dans ce pays a toujours été plus petit que l'écart entre ceux qui appuient le gouvernement actuel et ceux qui ne l'appuient pas.

Parmi ceux qui sympathisent avec les buts activistes du mouvement La passivité, c'est fini, on retrouve Joe Clark, un ancien premier ministre conservateur qui était ministre des Affaires étrangères lorsque le Canada a adopté le libre-échange avec les États-Unis, et Peter Julian, un ancien directeur du Conseil nationaliste des Canadiens qui est aujourd'hui critique de l'énergie pour le NPD.

Contre bien des attentes, la paix sociale a prévalu depuis l'arrivée au pouvoir du M. Harper. Par contre, son gouvernement a vraiment évité d'élargir sa couverture.

En fait, il semble plus satisfait que ses prédécesseurs à maintenir sa couverture et maintenir une distance avec ses rivaux qui luttent. Le danger dans cette approche est que le nombre qui se sent laissé à découvert a tendance à grandir.

Dans cette optique, le mouvement La passivité, c'est fini, s'il est laissé sans surveillance, pourrait gonfler et devenir le plus grand défi du gouvernement Harper depuis son ascension au pouvoir il y a sept ans.

PHOTO: La Presse Canadienne: Sean Kilpatrick ILLUS: La chef d'Attawapiskat, Theresa Spence (à droite), avec sa grève de la faim, est devenue le visage du mouvement La passivité, c'est fini (Idle No More).

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