À LA CHAMBRE ~ sur la motion NPD pour l’implantation d’une assurance-médicaments universelle

Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'élégante et extraordinaire députée de Vancouver-Est.

L'enjeu sur lequel nous nous penchons aujourd'hui revêt une grande importance dans ma circonscription, New Westminster—Burnaby. J'en entends souvent parler. Il y a des aînés qui ne peuvent pas prendre les médicaments qui leur sont prescrits parce qu'ils n'ont pas les moyens de les payer et des familles qui doivent assumer elles-mêmes les coûts des médicaments, si elles le peuvent, car elles n'ont pas accès à un régime d'assurance-médicaments privé. Il ne s'agit pas d'une question faisant simplement l'objet d'un débat stérile à la Chambre des communes. C'est un enjeu qui a un impact profond sur la qualité de vie des Canadiens.

Aujourd'hui, nous avons entendu de nombreux arguments de la part de députés libéraux. Ils n'arrêtent pas de dire que nous devons simplement patienter. Leurs arguments seraient un peu plus convaincants si ce n'était du bilan du Parti libéral dans ce dossier.

En 1964, la Commission royale sur les services de santé a recommandé que nous ayons un régime national d'assurance-médicaments. Les libéraux ont dit à l'époque que le régime n'était pas prêt et que nous devions patienter. En 1997, il y a eu le Forum national sur la santé. En 2002, il y a eu la Commission royale sur l'avenir des soins de santé au Canada. En 2004, il y a eu le consensus des premiers ministres provinciaux sur l'assurance-médicaments. À chacune de ces périodes, différents gouvernements libéraux ont dit qu'ils appuyaient l'assurance-médicaments en principe, mais qu'il fallait patienter. Pour une raison ou une autre, ce n'était jamais le bon moment pour eux d'aller de l'avant.

Les arguments que font valoir aujourd'hui les libéraux sont les mêmes qu'il y a des dizaines d'années. Encore une fois, les députés libéraux disent que la question n'est pas importante et que nous devrions attendre. Il est difficile de croire qu'ils se justifient maintenant en disant qu'il faut attendre la publication du rapport d'un comité. Selon eux, les Canadiens devraient mettre en veilleuse le régime d'assurance-médicaments, un projet prioritaire auquel la grande majorité des Canadiens est pourtant favorable, parce que les membres libéraux d'un comité veulent attendre la publication d'un rapport.

Ce serait un argument valable si les députés libéraux ne disaient pas la même chose depuis des dizaines d'années. En théorie, ils sont favorables à la création d'un régime d'assurance-médicaments, mais ils doivent attendre la publication des résultats d'une commission d'enquête ou d'une autre. Ils doivent attendre le rapport de tel ou tel comité ou le prochain budget. On fait ainsi attendre les Canadiens depuis des dizaines d'années.

La situation serait presque comique si elle n'avait pas d'aussi lourdes répercussions sur les Canadiens. Les députés qui doutent de l'importance que revêt cette question pour la population canadienne n'ont qu'à sortir du Parlement, tourner à gauche sur la rue Wellington et prendre le pont menant au Château Laurier. C'est là, sur le pont situé entre le Parlement, l'édifice de l'Est et le Château Laurier, qu'ils pourront trouver, la plupart du temps, un homme qui s'appelle Jim. Dans son fauteuil roulant, Jim quête de l'argent pour pouvoir payer les médicaments dont il a besoin. Je bavarde souvent avec Jim et je lui donne un peu d'argent. Il m'a permis de raconter son histoire. Je sais que plusieurs de mes collègues néo-démocrates s'arrêtent aussi pour lui parler.

Jim a toutes les apparences d'un type fait fort, et il fut effectivement un temps où on pouvait le décrire ainsi. Il a trimé dur toute sa vie, mais les blessures et la maladie l'ont obligé à se procurer des médicaments pour demeurer en vie. Il devait se rendre à la pharmacie pour les acheter, mais les médicaments que Jim doit prendre coûtent très cher: environ 400 $ par mois sans le régime national d'assurance-médicaments dont nous débattons aujourd'hui et qui pourrait devenir une réalité si les libéraux donnaient leur appui à la motion du NPD. Les démarches pour en faire une réalité pourraient commencer d'ici un an. Ce n'est pas cela qui va aider Jim pour les 12 prochains mois, je le sais, et il devra continuer à mendier et à discuter avec les passants. Quelle différence cela ferait néanmoins s'il savait que, dans un an, le gouvernement fédéral s'assoira avec les provinces pour négocier la mise en oeuvre d'un régime national d'assurance-médicaments.

C'est ce que nous sommes appelés à faire aujourd'hui. Nous ne sommes pas là pour nous enfoncer dans un débat stérile ni pour dire que nous devrions attendre la publication du rapport de tel ou tel comité. Parce qu'une fois ce rapport publié, il y a aura encore d'autres discussions, d'autres atermoiements, et dans 5 ou 10 ans, nous en serons encore au même point, à débattre des mêmes enjeux, alors que le sujet a fait consensus à plusieurs reprises déjà: pensons par exemple à la rencontre des premiers ministres, en 2004; à la Commission sur l'avenir des soins de santé au Canada, en 2002; au Forum national sur la santé, en 1997; et même à la Commission royale d'enquête sur les services de santé, en 1964. Les Canadiens ont assez attendu. Il est temps de doter le pays d'un régime d'assurance-médicaments. Il n'y a plus aucun doute là-dessus.

Si Jim pouvait être ici, ou les Tracy, les Ramdeep, les Lemay ou les centaines de milliers d'autres Canadiens qui ne peuvent pas avoir d'assurance-médicaments en ce moment, s'ils venaient à la tribune et que nous leur donnions un micro pour qu'ils nous disent à quoi ressemble la vie sans régime d'assurance-médicaments, ils nous raconteraient des histoires assez tristes. Ils nous diraient qu'ils doivent faire des choix difficiles, comme choisir entre manger ou acheter des médicaments qui les garderont en santé. Ils nous diraient ce à quoi ils ont dû renoncer. Certains nous raconteraient qu'ils n'ont pas pu continuer à payer leur loyer. S'ils sont comme Jim, ils nous diraient ce qu'ils ont à faire tous les jours, beau temps mauvais temps, que le soleil cogne dur à Ottawa ou qu'il pleuve à verse. Je l'ai même vu dans la neige. Il doit venir mendier ici pour avoir suffisamment d'argent pour tenir le coup jusqu'à la fin du mois. Qu'est-ce qui cloche dans ce tableau?

Ceci ne doit pas être un débat stérile. Les libéraux ne doivent pas simplement se contenter de commander un rapport de comité puis d'attendre encore des mois, voire des années ou des décennies. Il faut agir maintenant.

Je crois que tous les députés se présentent à la Chambre avec l'intention de faire le bien. J'estime que tous les députés sont élus pour servir et croient profondément qu'il faut faire du Canada un pays meilleur. Nous connaissons les histoires d'horreur. Nous savons à quel point les gens souffrent à l'heure actuelle, et nous avons la capacité de changer cela.

La bonne nouvelle, c'est que, comme le directeur parlementaire du budget nous le dit, créer un régime d'assurance-médicaments universel est même économique. En adoptant la proposition du NPD en vue d'entreprendre les négociations, nous permettrons aux Canadiens d'économiser 4 milliards de dollars par année. Le coût n'est donc pas un problème. La motion parle clairement de discuter avec les provinces, alors les négociations ne sont pas un problème non plus.

Nous sommes conscients qu'il faudra tout de même un ou deux ans avant que le régime ne voit le jour, mais je parie que nous serions tous fiers de présenter un nouveau régime national d'assurance-médicaments en 2019.

Tommy Douglas, père du régime canadien d'assurance-maladie et premier ministre de la Saskatchewan, élu le plus grand Canadien de notre histoire il y a quelques années, a toujours cru que faire la transition vers un régime national d'assurance-maladie était une première étape vers la création d'un régime national d'assurance-médicaments. Il croyait que nous ne pouvions avoir un système universel de soins de santé sans que les médicaments en fassent partie et que personne, c'est-à-dire aucun aîné, aucun enfant ni aucune famille, ne devrait devoir se priver de médicaments à défaut de pouvoir les payer. C'est un principe canadien simple.

La motion est très canadienne. Tous les députés devraient se prononcer à son égard et l'appuyer. Si les députés doutent ne serait-ce qu'un instant qu'il soit judicieux de l'appuyer, je les invite à sortir de la Chambre des communes quelques minutes, à se rendre devant le Château Laurier et à parler à Jim. Il leur dira d'appuyer la motion.

Réponse à une question : Monsieur le Président, je suis profondément attristé par la question du député d'en face. Je l'aime bien, mais je suis très triste qu'il tienne des propos qui sont essentiellement sans intérêt pour les Jim, les Tracey, les Randeep et les Lemay du pays qui, aujourd'hui, n'ont pas accès à des médicaments essentiels. C'est sans intérêt pour eux. Bien sûr que le comité peut poursuivre son travail. Le comité peut faire tout le travail qu'il veut. Cependant, ce que nous proposons aujourd'hui, c'est d'amorcer une discussion que nous pourrons conclure, idéalement, d'ici un peu plus d'un an en vue de mettre en place un régime d'assurance-médicaments pour les Canadiens.

Je pense que les comités font de l'excellent travail. Cependant, il ne sert à rien de débattre à la Chambre du moment où un comité devrait publier son rapport. Il s'agit de savoir si nous allons mettre en place un régime d'assurance-médicaments pour les Canadiens. Ils en ont besoin. Il y a des familles et de nombreux aînés qui en ont désespérément besoin.

Allons tout simplement de l'avant. Votons en faveur de la motion visant à mettre en place un régime d'assurance-médicaments au Canada.

Réponse à une question : Monsieur le Président, je suis reconnaissant du bon travail de la députée de Vancouver-Est, une circonscription où nous sommes très bien représentés depuis longtemps. Elle est une des députées exceptionnelles de la Chambre des communes et j'admire énormément son travail.

Évidemment, elle pose une question de pure forme. La motion n'est nullement partisane. Tout dans la motion invite les députés à écouter les habitants de leur circonscription et à adopter un plan pour mettre sur pied un régime national d'assurance-médicaments. C'est très simple.

J'ai suivi le débat avec attention. Certains députés s'expriment avec beaucoup d'éloquence. Ceux qui préconisent d'attendre encore 5, 10, 15 ou 20 ans ne sont pas à l'écoute des Canadiens et des gens qu'ils représentent. Pas moins de 90 % des Canadiens veulent un régime d'assurance-médicaments. Allons-y. Votons pour la motion.

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